8 Mars 2011

Vision and Voyages for Planetary Science in the Decade 2013-2022

Rover martien de la NASA
Rover martien - crédits photo : NASA

La Nasa devrait concentrer ses efforts au cours de la décennie à venir sur une mission d'exploration de Mars à l'aide d'un rover, un véhicule de surface alimenté par l'énergie solaire, plutôt que sur des vols habités dans l'espace, estime un rapport d'experts publié lundi.

Cette recommandation, parmi d'autres, émane d'un panel de scientifiques et est publiée dans un rapport du Conseil national américain de la recherche (National Research Council).

Ce rapport, commandé par la Nasa, appelle l'agence spatiale américaine à lancer vers différentes planètes des missions «qui pourraient fournir un flux constant de nouvelles découvertes importantes sur le système solaire», entre 2013 et 2022.

Le comité «s'inquiète de la possibilité, comme cela s'est vu dans un passé récent, que les programmes de vols habités cannibalisent les programmes spatiaux d'exploration scientifique», explique le rapport, qui réclame des budgets séparés pour les missions scientifiques et les vols habités.

«L'exploration humaine peut fournir des occasions intéressantes de faire avancer la science, mais la science n'est pas leur motivation première», notent ses auteurs.

Concernant les grandes missions «Flagship» devant avoir lieu tous les dix ans et dont les coûts sont de plusieurs milliards de dollars, le Decadal Survey a formulé ses priorités qui devraient orienter les efforts américains dans la décennie à venir.

Priorité à Mars

Selon le rapport, la première mission «Flagship» prioritaire de la décennie est le programme MAX-C (Mars Astrobiology Explorer-Cacher). Le rover MAX-C est la composante américaine d’une mission devant embarquer, en 2018, le rover Pasteur de la mission ExoMars de l’ESA. MAX-C devra collecter, analyser et stocker dans un container des échantillons qui pourront ultérieurement être rapportés sur Terre par un autre véhicule. En ce sens cette mission ESA/NASA est le premier maillon d’une campagne de retour d'échantillons martiens qui se prolongera durant les années 2020. «La surface martienne conserve la mémoire de l'historie des débuts du système solaire, sur une planète où les conditions ont peut-être été semblables à celles de la Terre quand la vie a émergé», souligne le rapport.

Mais le projet actuel visant à embarquer deux rovers dans un module de descente est trop ambitieux et doit être revu à la baisse pour économiser un milliard de dollars, sur un coût estimé par des experts indépendants à 3,5 milliards. Le rapport recommande de maintenir la collaboration avec l'Europe et suggère de réduire équitablement les objectifs de la mission conjointe MAX-C/ExoMars. Néanmoins, cet exercice s'annonce délicat tant les contraintes des deux agences sont fortes.

Puis Europe

La deuxième priorité devrait être la mission JEO (Jupiter Europa Orbiter) qui a pour objectif d'explorer Europe, une lune glacée de Jupiter, pour déterminer si elle serait susceptible d'accueillir la vie.

«Cette lune, avec son océan probablement vaste situé sous la surface et pris en sandwich entre une croûte de glace hautement dynamique et un intérieur de silicate potentiellement actif, offre l'un des environnements extraterrestre potentiellement habitables les plus prometteurs de notre système solaire», selon le rapport.

JEO est la composante américaine de la mission EJSM (Europa Jupiter System Mission) étudié conjointement par l'ESA et la NASA. La composante européenne JGO (Jupiter Ganymede Orbiter) est actuellement en compétition pour la première mission de classe L du programme Cosmic Vision.

Les chercheurs soulignent cependant que là aussi, il va falloir revoir le coût à la baisse, sinon «cela mènerait à un trop grand déséquilibre dans les programmes et conduirait à l'élimination de trop d'autres missions importantes». Le coût prévu de la missions JEO est de 4,7 milliards de dollars et l'objectif est de le réduire si possible à 2,5.

Enfin Uranus

La troisième priorité devrait être la mission UOP (Uranus Orbiter and Probe). Le comité examine avec attention la possibilité de lancer des missions vers les deux géantes gazeuses : Uranus et Neptune. Uranus serait favorisé par rapport à Neptune, tout aussi intéressante à explorer, pour des raisons pratiques considérant les trajectoires possibles, les durées de croisière et le coût. Là aussi, des efforts financiers devront être faits pour réduire le coût de la mission.

Budget NASA

Le projet de budget 2012 envoyé au Congrès par le président Barack Obama prévoit un gel des dépenses de la Nasa à 18,7 milliards de dollars par an jusqu'en 2018. Plus préoccupante, la projection à 5 ans du budget pour l’exploration planétaire prévoit une décroissance de 1,5 milliards en 2012 à 1,2 milliards en 2016 alors que le comité a travaillé avec l’hypothèse d’un budget en croissance atteignant 1,9 milliards en 2016. Dans ce nouveau contexte, on peut s’interroger sur la capacité de la NASA à réaliser les deux premières Flagship (Max-C et JEO) avant 2022.