19 Septembre 2011

1993 : TOPEX-POSEIDON traque El Nino

La plus connue des perturbations climatiques, « El Niño », se produit dans le Pacifique Tropical.
El Nino

50 ans de résultats scientifiques

1993 : Topex-Poséidon traque El Nino.

Ses conséquences, souvent catastrophiques, ont conduit à mettre en place des moyens importants de surveillance et de prévision, en mer et dans l’espace. L’altimétrie par satellite, avec Topex/Poséidon (1992-2003), Jason-1 (2001) et Jason-2 (2008) s’avère une aide indispensable à la détection précoce, à l’analyse et au suivi de ce phénomène. On peut ainsi déceler le plus tôt possible son apparition et, surtout, prévoir son déroulement pour anticiper ses impacts et réduire son incidence.

El Niño, de l’espagnol « l’enfant » (sous-entendu Jésus, car il bat en général son plein aux environs de Noël) est l’une des perturbations climatiques les plus fortes. C’est aussi celle où l’interaction entre océan et climat est la plus évidente.

Tous les deux à sept ans environ, on observe un affaiblissement, voire un retournement, des alizés dans le Pacifique Tropical. L’océan réagit : le réservoir d’eau chaude normalement poussé vers l’Indonésie par ces vents se déplace vers l’est, vers les côtes d’Amérique du Sud. L’eau chaude qui entoure en temps normal l’Indonésie n’étant plus là, l’humidité qu’elle apporte à l’atmosphère est également absente, d’où sécheresse sur le bord ouest du Pacifique.

Au contraire, l’air plutôt sec des côtes péruviennes devient chaud et humide – et on assiste alors à des pluies diluviennes, et à leur cortège d’inondations et de glissement de terrain. La chaleur des eaux fait fuir les anchois qui nourrissent les pêcheurs,… Les conséquences ne sont pas cependant toutes catastrophiques partout, surtout si la situation a été prévue à l’avance : certaines zones voient leur climat devenir plus clément durant cette période.

Après l’épisode El Niño particulièrement sévère de 1982-1983, il a été décidé d’exercer une surveillance continue sur la zone. Des moyens, aussi bien en mer, dans les airs que dans l’espace, ont été déployés pour réaliser des observations et pouvoir alerter rapidement. En particulier, la mission Topex/Poséidon (Nasa/Cnes), lancée en 1992, a montré que l’altimétrie précise par satellite permet de reconnaître les caractères généraux d’un tel phénomène plusieurs mois à l’avance. Il a permis aux scientifiques du monde entier d’analyser et de comprendre ce phénomène complexe où océan et atmosphère sont en étroite relation.

Les missions d’altimétrie par satellite Topex/Poséidon, puis Jason-1 (Cnes/Nasa) et maintenant Jason-2 (Cnes/Eumetsat/Nasa/Noaa), assurent depuis 1992 une surveillance continue de l’ensemble des océans, dont le Pacifique, mesurant avec précision les variations de la surface et des courants océaniques.

Dès l’hiver 2002 (et avec plus de certitudes en juin 2002), l’alerte a également été donnée pour un El Niño en 2002-2003. Depuis, d’autres épisodes se sont succédé (2004-2005, 2006-2007, 2009-2010), avec la multiplication d’épisodes atypiques (« Modoki »), où les eaux chaudes restent bloquées au milieu du Pacifique, sans atteindre les côtes d’Amérique du Sud. L’altimétrie permet de repérer et d’étudier ces exemples.

Les réseaux d'observation offrent la possibilité de tester et d'affiner les connaissances scientifiques, et ainsi de concevoir des modèles numériques du climat, représentation mathématique des mouvements de l'océan et de l'atmosphère. De plus, l’utilisation de l’ensemble des observations permet d’ajuster en temps réel les conditions initiales et de contraindre ces modèles de prévision à rester proches des observations. Si on ne peut éviter les caprices climatiques d’El Niño, sa prévision doit permettre de réduire ses effets néfastes.

Contacts

Juliette Lambin, responsable de la thématique océanographie

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